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La Société Antoinette

En 1902, Léon Levavasseur, alors directeur technique de la Société du Propulseur Amovible à Suresnes, commence la réalisation d’un moteur d’aviation. Avec l’aide financière de Jules Gastambide, il crée un moteur léger en V à 8 cylindres dans son atelier situé au 10 rue des Bas Rogers à Puteaux. Le moteur est surnommé « Antoinette » du prénom de la fille de Monsieur Gastambide.

En 1903, Levavasseur et son équipe construisent un grand monoplan destiné à accueillir ce moteur. Des premiers essais de vols ont lieu dans l’Oise. Le monoplan est alors piloté par Charles Watcher mais il ne réussit qu’à faire un bond et retombe. Les échecs successifs finissent par détruire l’appareil.

Faute de nouveaux crédits, Léon Levavasseur décide de se reconcentrer sur son moteur qu’il installe dans des canots automobiles dans un premier temps. En 1905, lors d’une compétition disputée à Monaco, les canots font un triomphe ! Les « racers » Antoinette III, Antoinette IV, Antoinette V et Antoinette VI disposent d’un à trois moteurs de 24 à 200 CV. L’Antoinette III mesure 12 mètres de long et possède une puissance de 600 CV, c’est alors le bateau à moteur le plus puissant jamais construit.


Le succès s’installe et en mai 1906, Jules Gastambide et Léon Levavasseur fondent la « Société Antoinette ». Jules Gastambide en devient le président, Louis Blériot, qui apporte des fonds, le vice-président et Léon Levavasseur le directeur technique. La société produit alors des moteurs en série pour l’aviation. Entre 1906 et 1907, près d’un moteur par semaine sort des ateliers de la société. Différents types sont développés : 24, 50 puis 60 CV à 8 cylindres puis 65 et 100 CV à 16 cylindres. Ils équipent les premiers aéroplanes de Blériot.

Hubert Latham à bord d’un monoplan Antoinette, sans date, 2Fi1487, AMP

En collaboration avec le capitaine Ferber, autre pionnier de l’aviation, la société sort son premier monoplan. Entre 1908 et 1910, la production est estimée à une centaine d’appareils. Ces monoplans sont notamment pilotés par Hubert Latham, devenu le pilote d’essai officiel de la société. Il les rend célèbres dans le monde entier car il participe à de nombreux concours et remporte de nombreux prix comme celui d’altitude (155 mètres) lors de la Grande Semaine d’aviation de la Champagne en août 1909.

A partir de 1909, dans le but de satisfaire les besoins de l’Armée française, une école de pilotage et un atelier sont créés à Mourmelon, dans la Marne. Antoinette fournit alors à l’armée les premiers appareils d’entrainement ainsi qu’un simulateur de vol, le « tonneau Antoinette ». Ce simulateur était constitué d’un tonneau scié en deux. La première moitié était fixée sur un poteau pour servir de support et la seconde était posée et liée à la première à l’aide d’un joint souple. L’élève pilote s’installait sur le siège dans le tonneau supérieur et les commandes étaient constituées de deux volants. Les mouvements de l’aéroplane étaient simulés par diverses personnes qui actionnaient des leviers reliés par des câbles aux deux volants.

C’est aussi dans cette école de pilotage que sont formés quelques dizaines de pilotes dont Dorothy Levitt, Elisa Deroche et Marie Marvingt. Cette dernière, passionnée de sports, devient pilote le 8 novembre 1910, ce qui fait d’elle la troisième femme au monde à obtenir son brevet de pilote. Elle effectue, le 27 novembre, le premier record féminin de durée de vol : 53 minutes et 15 tours d’une boucle de 3 kilomètres.

En 1911, un concours militaire de l’armée de l’air française pour fournir des monoplans est organisé mais la société Antoinette échoue au concours. Cet échec provoque la chute de la société en 1912, les produits ne se vendent plus car ils ne sont plus à la hauteur des évolutions techniques.

 En 1922, Léon Levavasseur meurt dans la misère et l’indifférence à Puteaux. La société Antoinette est radiée du registre du commerce.

Aéroplane Antoinette en vol, sans date, 2Fi1605, AMP

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