Comme à chaque fin d’année, les fêtes approchent à grands pas et avec ces dernières, leurs lots de préparatifs et d’achats. Nos boites aux lettres croulent sous les prospectus et catalogues en tout genre pour écrire notre liste au Père Noël, mais saviez-vous que l’entreprise De Dion-Bouton était pionnière dans le domaine ?
Les déboires du marquis : buzz ou mauvaise pub ?
Monsieur le Marquis de Dion est le visage de la marque depuis sa création. En tant qu’aristocrate, élu à la chambre des députés, monarchiste sous la IIIe République, sa vie et ses frasques font souvent la une des journaux. La marque y est toujours mentionnée, profitant ainsi de sa réputation pour gagner en visibilité auprès du public. Il est élu député de la Loire-Inférieure (aujourd’hui la Loire-Atlantique) entre 1902 et 1923, date à laquelle il devient sénateur jusqu’en 1940. Cet engagement politique s’exprime aussi de façon spectaculaire, à l’image de son caractère. Il est connu pour son implication dans 17 duels illégaux, comme celui du 4 novembre 1902 contre le député socialiste Gérault-Richard au bois de Boulogne ou encore pour s’être fait arrêter lors d’une manifestation le 4 juin 1899 suivi de 15 jours de prison. Les scandales qui entachent l’image du marquis sont nombreux : l’exploitation de ses ouvriers, un mariage avorté avec une ancienne actrice ou encore un procès pour avoir frappé un journaliste. Il se dispute même avec Pierre Giffard, le propriétaire du principal journal sportif du pays, qui décide de le bannir de son journal, une grosse perte de publicité pour la marque.
Les débuts de la réclame
En effet, la « réclame », aujourd’hui connue sous le nom de « publicité », est le premier outil à disposition des entreprises pour faire vendre. Cette réclame a lieu d’abord dans la presse : des annonces commerciales sont diffusées régulièrement dans les journaux de l’époque. Mais le marquis voit plus loin et crée des organes de presse susceptibles de mettre en avant son entreprise, et l’automobile dans son ensemble, tels qu’un quotidien de sport, le journal L’Auto ou encore le journal industriel hebdomadaire de l’entreprise le De Dion-Bouton. Si le nom n’est pas très original, cet hebdomadaire est le premier journal publicitaire édité par un fabricant automobile en 1901. Le journal l’Auto, quant à lui, parait en 1903, fruit d’une collaboration avec Michelin, l’Automobile Club de France (A.C.F) et le baron Zuylen.
Que ce soit dans son logo ou dans ses affiches, la marque tient à être reconnaissable et à se démarquer avec une identité visuelle. Elle utilise donc des formes et des couleurs simplifiées pour attirer l’œil et toucher le plus grand nombre. L’entreprise fait appel aux dessinateurs humoristes et utilise la bande dessinée pour attirer un jeune public. Ses affiches mettent en scène la vie de manière joyeuse et humoristique jusqu’en 1920, date à laquelle les stratégies de réclame changent.
Des techniques marketing toujours en vogue
L’entreprise est avant-gardiste sur bien des points lorsqu’il s’agit de publicité. La promotion des produits de la fabrique est d’abord confiée aux vedettes coqueluches de l’époque comme des acteurs de la Comédie-Française tel que Cheradame, Cécile Sorel, et Alexandre Robinne ou d’autres personnes du théâtre comme la Belle Otéro. En outre, pour gagner en visibilité et en prestige, la marque décide d’offrir une voiture à la Belle Otéro et de profiter de sa célébrité pour attiser les envies.
De Dion-Bouton pousse la publicité plus loin et s’invite à la fois dans les restaurants et dans les foyers. Des produits dérivés portant le nom et le logo de la marque sont créés tels que des cartons publicitaires distribués dans des restaurants pour servir de support à leur menu, des cartes postales, etc. Elle produit même ce qu’on appellerait aujourd’hui des « goodies » : ces objets, portant le logo de la marque, sont distribués à ses concessionnaires et à certains clients.
De Dion-Bouton imagine aussi un moyen de se faire connaître en créant des objets utiles aux utilisateurs d’automobiles pour atteindre des clients potentiels : des cartes routières et des guides touristiques. Le guide Michelin existait déjà, mais il ne disposait alors pas de carte routière et les autres cartes n’étaient pas adaptées aux automobilistes. En 1899, le bureau des géographes de l’usine travaille pendant un an à cartographier la France dans son entièreté. Par la suite, De Dion-Bouton édite des cartes régionales au 1/200 000è en quatre couleurs avec au recto, des renseignements touristiques comme les hôtels, les mécaniciens, les dépôts d’essence, et des conseils pour les chauffeurs.
Notre célébration des 140 ans de l’entreprise De Dion-Bouton touche à sa fin et nous espérons que cela vous a plu d’en apprendre plus sur ce témoin de l’histoire industrielle de la ville. A l’année prochaine pour de nouveaux articles sur l’histoire de Puteaux !