Archives de la ville de Puteaux
Actualités Petits et grands événements

Puteaux inondé: la crue de la Seine de 1910

En ce début d’année 2024, le service des archives vous propose de retracer l’histoire de Puteaux en images tous les mois grâce aux nombreuses cartes postales conservées aux archives de la mairie. En ce mois de janvier, revenons sur un épisode marquant de Puteaux et de l’Île-de-France qui fête ses 114 ans : la grande crue de la Seine en 1910 !

Puteaux et Paris les pieds dans l’eau durant « la semaine terrible »

1909 est une année marquée par de fortes pluies, de l’été pluvieux aux précipitations de l’automne. A l’aube de l’année 1910, les pluies de janvier inquiètent fortement la population du bassin parisien et provoquent des inondations sur les affluents de la Seine (Yonne, Loing, Grand Morin). La Seine menace de déborder et durant la semaine du 21 janvier au 28 janvier 1910, elle envahit les rues de Paris et de sa banlieue. Elle atteint les 8,42 mètres de hauteur au pont des Tournelles, un nouveau record depuis la crue de 1658. Au pont de l’Alma, le zouave a de l’eau jusqu’aux épaules tandis que les Putéoliens ont les pieds dans l’eau.


La Crue de la Seine, 30 janvier 1910
La rue de Paris (auj. rue Jean-Jaurès) et le croisement avec la place du Marché (auj. place Stalingrad) pendant les inondations de 1910
2Fi688, Archives municipales de Puteaux

Si la ville de Paris est décrite comme la Venise française dans la presse, Puteaux n’est pas sans reste. L’eau monte jusqu’à la place du Marché (aujourd’hui la place Simone Veil) et les rues de la ville sont inondées. La mairie, qui se trouve alors au niveau de l’actuel hôpital, est isolée avec l’église par l’eau. L’île de Puteaux est également sous l’eau et on ne voit bientôt que les toits. De nombreuses personnes doivent quitter en urgence leurs logements qui sont cernés par les eaux, inondés. Certaines maisons s’écroulent même rue Saulnier et rue de Paris (aujourd’hui rue Jean Jaurès). Le bas de Puteaux doit faire face au froid, au manque d’eau potable et à l’insalubrité. Au 1er février, 407 personnes sont hospitalisées sur la commune. Cet événement marque tellement les esprits de l’époque que les journaux se pressent pour immortaliser cette vision.

Une économie paralysée et une mobilisation générale face aux dégâts

Alors que l’eau monte, les usines installées sur le quai National, aujourd’hui quai De Dion-Bouton, sont paralysées. L’usine électrique Ouest-Lumière qui alimente le tramway est privée de courant et les machines sont mises à l’arrêt[1] provoquant la paralysie des transports. D’autres usines comme celle de la marque automobile De Dion-Bouton sont envahies par les eaux et forcées à fermer leurs portes. C’est, en tout, 5497 personnes qui perdent leurs emplois suite à la catastrophe. Face à la mise au chômage de ses ouvriers, le marquis De Dion donne à l’ensemble de ses ouvriers leur salaire complet pendant les quinze premiers jours et la moitié de ce dernier jusqu’à la réouverture de l’usine.[2]

Pour aider la population, la police et les pompiers sont mobilisés. Ils sont accompagnés des bateliers et des mariniers du port pour évacuer la population. Des initiatives charitables pour aider les enfants sinistrés sont aussi mises en place : le comité des petits parisiens à Nice est formé lors des inondations pour permettre aux enfants de 7 à 11 ans d’être accueillis sur la Côte d’Azur.  Le préfet de la Seine, M. de Selves se rend à Puteaux pour constater les dégâts de la crue et remet une somme de 1500 francs à la municipalité et félicite même M. Bourgeat, commissaire de police à Puteaux, pour « le dévouement dont il a fait preuve depuis le début de l’inondation. »[3]


PUTEAUX – Inondations (Janvier 1910) Départ des Sauveteurs d’Etaples…
“Les adieux de M. le Commissaire de Police.”  Une équipe de sauveteurs pendant les inondations de janvier 1910
2Fi767, Archives municipales de Puteaux

Ce n’est que le 29 janvier 1910 que le niveau de la Seine baisse. Il faut attendre le 10 février pour que les usines de Puteaux rouvrent leurs portes et le 15 mars, pour que la Seine retrouve son lit. S’en suit des travaux d’assainissement des rues et des logements pour éviter les épidémies. Paris et le bassin parisien en tirent des leçons et organisent les secours et la prévention.

Bibliographie

Ebersold, Julien, La crue exceptionnelle de la Seine en 1910, 26 mars 2018, URL : https://www.retronews.fr/inondation/long-format/2018/03/26/la-crue-exceptionnelle-de-la-seine-en-1910

Pawlowski, Auguste, Radoux, Albert, Les crues de la Seine (Vie-XXie siècle) : cause, mécanisme, histoire, dangers, la lutte contre le fléau…, Berger-Levrault, 1910, URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64383527/f134.item

Sources

Gil Blas, 28 janvier 1910

L’Autorité, 2 février 1910

La Liberté, 27 janvier 1910

Le De Dion-Bouton, 05 février 1910

L’Opinion Nationale, 22 janvier 1910

Le Journal, 3 février 1910

Le Petit Journal, 28 janvier 1910


[1] L’Opinion nationale 22 janvier 1910.

[2] L’Autorité 2 février 1910.

[3] Le Journal 3 février 1910.

Découvrez aussi...