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Actualités Podcast : Raconte-moi Puteaux !

Épisode 1 : La Meunière Pendue

Bonjour et bienvenue pour un premier épisode de la série « Frissons aux archives » dans laquelle nous vous racontons des histoires horrifiques inspirées de faits réels, d’enquêtes et légendes qui ont eu lieu à Puteaux. Ce premier épisode est construit sur la base d’une légende de la ville : la pendue de Chantecoq.

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Résumé

Si nous disposons de peu de sources pour relater ce récit, cette histoire est basée sur la légende de Jacqueline Barzan qui trouva la mort un matin d’août 1794. Cette dernière raconte que ce matin-là, un paysan a découvert la meunière du moulin de Chantecoq, pendue aux pales de l’édifice. Il se dépêcha de sonner l’alerte en allant chercher du secours au hameau et lorsqu’ils descendirent le corps avec les villageois, ils constatèrent qu’un papier était épinglé sur lequel on pouvait lire les mots suivants « ainsi, périssent les ennemis du trône et de la religion ». Elle avait été agressée par des opposants de Robespierre et partisans d’une monarchie parlementaire. Ils avaient profité du fait que son mari, Guillaume, était parti aux frontières à l’appel de la guerre pour protéger le pays et elle s’était retrouvée seule à faire tourner le moulin de Chantecoq qui appartenait à la famille de son mari depuis le règne d’Henri IV.

D’après la légende, les autorités municipales auraient voulu ouvrir une enquête, mais en furent dissuadés pour leur propre sécurité. Descendante de la famille de Montainville, elle était une fervente partisane des idéaux révolutionnaires. Elle alla assister à la décapitation de Robespierre, et à son retour, des amis lui aurait proposé de quitter Puteaux, ce qu’elle aurait refusé. Le soir même elle se fit assassiner par une bande qui l’étrangla et la pendit au moulin.

Contexte historique

Cette histoire prend racine dans le contexte de la Révolution française et plus particulièrement celui de la Terreur. Suite à la fin de la monarchie absolue, marquée par la mise à mort de Louis XVI, la Convention nationale (1792-1795) succède à l’Assemblée législative le 21 septembre 1792 en proclamant l’abolition de la royauté. La Convention fonde la Ière République avec la signature de la Constitution de l’an I. Au sein de cette assemblée élue au suffrage universel masculin, deux factions politiques s’affrontent : les Montagnards et les Girondins. Les Montagnards, menés par Robespierre (1758-1794), Danton (1759-1794), Marat (1743-1793) et Saint-Just (1767-1794), instaurent un gouvernement révolutionnaire, en guerre contre la coalition européenne qui voudrait réinstaller la monarchie, après avoir éliminé les Girondins lors de deux journées révolutionnaires (31 mai 1793 et 2 juin 1793).

Fondation de la République le 10 août 1792, Recueil. Collection Michel Hennin. Estampes relatives à l’Histoire de France. Tome 127, Pièces 11149-11230, Gallica

Cette période aussi appelée la Terreur, est frappée d’un mouvement de paranoïa et de délation qui aboutit à une foule de condamnations à mort. En effet, la Convention est encore marquée par les massacres de septembre 1792 et vote donc la “loi des suspects” en septembre 1793. Cette loi ordonnait l’arrestation de tous les ennemis attestés ou plausibles de la Révolution. Elle prend fin le 9 thermidor An II lorsque Robespierre, l’homme fort de la Terreur, est guillotiné. La Convention nationale est dissoute lorsque la Constitution de l’an III est votée. C’est le Directoire (1795-1799) qui prendra la relève.

Maximilien Robespierre (1758-1794), Gallica

Pour aller plus loin

La Révolution française et les communes

La Révolution française est un moment charnière pour les villes. En outre, c’est durant cette période que les communes, telles que nous les connaissons aujourd’hui, ont vu le jour. Sous l’Ancien Régime, le territoire était découpé en plusieurs circonscriptions : la paroisse ecclésiastique pour le domaine religieux, la seigneurie pour le domaine juridique et la communauté pour le domaine fiscal royal. Le 14 décembre 1789, l’Assemblée nationale constituante vote la création des municipalités ainsi que le reste des nouvelles circonscriptions : les districts, les cantons et les départements. Chaque paroisse ou communauté de l’Ancien Régime devient commune et se dote d’un hôtel de ville et d’un maire. De nouvelles obligations sont confiées aux municipalités, parmi lesquelles la tenue de l’état-civil qui est créé par le décret de l’Assemblée nationale le 20 septembre 1792.

La Révolution française à Puteaux

Puteaux participe à la Révolution française. Le 14 avril 1789, la population rédige le cahier de doléances demandé par les États Généraux convoqués par Louis XVI. C’est Guillaume Nézot qui s’en fait le rédacteur. Il deviendra par la suite le maire de la commune. Ainsi, les habitants de Puteaux réclament une réforme de l’impôt, la suppression de certains privilèges et la réduction des inégalités.

Le premier maire de la commune de Puteaux nouvellement née, Guillaume Nézot, est élu le 7 février 1790 à l’église Notre-Dame-de-Pitié. La « maison commune », la mairie, est nommée dans le premier registre de délibérations comme « la salle d’Assemblée » ou encore « notre salle municipale » mais sans être localisée pour autant. A partir de 1791, la municipalité s’installe dans le presbytère situé rue Benoît Malon, puis déménage dans la maison curiale en 1794 qu’elle occupera jusqu’en 1841.

Dans chaque ville, une milice de citoyens est formée, elle est nommée Garde nationale. A Puteaux, elle est créée le 2 mai 1790. Cette garde nationale se procure un drapeau, servant à l’identifier, avec l’aide du Conseil municipal qui le vote le 3 juin. Ce drapeau était de couleur blanche avec « un écusson de France couronné, un rosier, un aurore dessin où est écrit Garde nationale de Puteaux » sur le côté droit. Sur le côté gauche, il y avait « un puits avec au-dessus l’astre du jour dans lequel on trouve l’œil de la surveillance. Du côté droit du puits, on trouve une charrue et une gerbe de blé et du côté gauche un cep de vigne garni de son fruit. » En l’An II, ce drapeau est détruit pour être remplacé par un arbre de la liberté.[1]

Le moulin de Chantecoq

Construit par Michel Langlois en 1648, le moulin de Chantecoq est reconstruit dans le courant du XVIIIème siècle. Il connaît une histoire mouvementée de la Révolution française et à nos jours. Si vous voulez découvrir son histoire, nous vous invitons à lire l’article que nous lui avons dédié en suivant le lien suivant :

Nous espérons que vous aurez apprécié cet épisode et n’hésitez pas à nous suivre sur votre plateforme d’écoute favorite pour de nouvelles aventures !

Sources

Archives municipales de Puteaux, Nomination du maire (Guillaume Nézot), Délibérations du conseil municipal, n°214, 1D1/1

Archives Nationales, Cahiers de Doléances de Puteaux, B III 109, p 355-362

DENIS, Jean-Emile, Puteaux : chroniques du temps des puits, Puteaux, 1969

Ville de Puteaux, De la Révolution aux valeurs de la République, 2019


[1] Ville de Puteaux, De la Révolution aux valeurs de la République, 2019, p.26.

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